
Roxane, dans l’ombre de Cyrano
Roxane, dans l’ombre de Cyrano
D’après Edmond Rostand
mis en scène par Célya Humann, Sylvain Bastonero
A la Folie Théâtre
Nous sommes en 1939, dans le bistro tenu par Raguenau, et Cyrano attend Magdeleine Robin, dite Roxane. Ainsi commence cette adaptation de Cyrano de Bergerac, où l’accent sera mis (presque) exclusivement sur les relations entre Cyrano, Christian et Roxane. Car c’est elle, Roxane, qui est au centre de la pièce.
L’adaptation est très intelligente. Tout le début se passe donc dans l’estaminet de Ragueneau, bercé par des musiques et des chansons d’époque. Pas de balcon, mais Cyrano caché derrière le comptoir est désopilant. Pui, en 1940, la guerre éclate, Cyrano, Christian, De Guiche se retrouvent au siège d’Arras, où Roxane et Ragueneau viennent les rejoindre, épisode qui se termine tragiquement par les doutes de Roxane et la mort de Christian. Le décor est superbe, et la scène très émouvante. L’épilogue se tiendra à nouveau dans le bistro de Ragueneau.
L’adaptation des dialogues est d’une grande subtilité. Ainsi, la scène du voyage dans la lune est remplacée par la fameuse tirade des nez, qui ne pouvait être casée ailleurs, puisque Roxane n’y est pas présente. Et surtout, après la mort de Cyrano (un peu avant la fin de la pièce), c’est Roxane qui s’approprie la tirade finale. L’âme de Cyrano habite maintenant Roxane.
Les comédiens interprètent leur personnage avec beaucoup de sensibilité. Roxane est sublime, Cyrano très émouvant, les autres rôles aussi très convaincants.
Un spectacle rare, qui loin de réduire l’œuvre de Rostand, la magnifie.
Jean-pascal