
DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE
En ces temps troublés, le fameux Discours sur la servitude volontaire de Étienne de La Boétie est à la mode. Deux théâtres actuellement se sont emparés du texte avec plus ou moins de bonheur.
Au théâtre de L’épée de bois Antonio Florent Dias met en scène Graziella Lacagnina, grimée en clown, Antonio lui-même tenant le rôle d’un greffier réagissant aux sentences énoncées par la Boétie. Cela parvient à faire passer le texte fort et impertinent de La Boétie, qui trouve dans le monde actuel des résonnances dramatiques. Grâce à cette légèreté, le texte passe très bien, et, si l’on rit beaucoup, on est ébranlé par la clairvoyance et la pertinence du texte de La Boétie, si actuel dans sa dénonciation de la lâcheté humaine.
Autre tentative de présenter ce texte à l’Essaïon, avec Jean-Paul Farré dont l’immense talent n’est pas à mettre en cause. Le texte présenté est adapté par LM Formentin, qui a cru bon, sans doute pour moderniser le texte, d’introduire des plaisanteries scatologiques concernant le Lever de Louis XIV, ou d’évoquer le Maréchal Pétain, et autres billevesées. Le Personnage-narrateur traverse les siècles avec un habile changement de costume. Mais malgré tous les efforts de Jean-Paul Farré, le texte dévastateur de La Boétie est un pétard mouillé, vidé de sa force corrosive, avec finalement peu d’implication politique actuelle,
Au final, une déception.