Le triomphe de l’amour
- De Marivaux
- Mise en scène Bernard Lefebvre, Hélène Robin
- Théâtre du Nord-Ouest.
La fausseté comme un des beaux-arts.
La princesse Léonide est la fille des souverains usurpateurs de Sparte, et elle tombe sous le charme d’Agis, le fils des anciens rois, qu’elle a aperçu un jour dans une forêt. Généreuse autant qu’amoureuse, elle a pour dessein de se faire aimer d’Agis et de lui rendre son trône usurpé. Oui, mais comment faire quand on est d’une lignée ennemie ?
Elle se travestit alors en un certain Phocion, entre par effraction chez le philosophe Hermocrate où vit retiré Agis. Comme elle n’est pas très fûtée, son travestissement est vite percé à jour par Arlequin et par Hermocrate. Pour Arlequin, ça s’arrange avec de l’argent, car elle semble très riche. Pour Hermocrate, elle intrigue pour qu’il tombe amoureux d’elle. Tant qu’à faire, Phocion séduit aussi la vieille fille sœur d’Hermocrate. Elle roule tout le monde dans la farine, et Agis est assez réticent devant la fausseté incroyable de Phocion-Léonide. Mais bon, les deux vieux n’ont qu’à aller pleurnicher dans leur coin, c’est bien fait pour eux, z’avaient qu’à pas se laisser séduire, et Phocion, redevenu Léonide va enfin se faire aimer d’Agis. Ouf, on est rassuré.
La mise en scène (en costumes d’époque) sert bien le texte de Marivaux, sans plus. Les personnages crées par Marivaux sont peu communs : un philosophe, une princesse de haut rang, un valet rusé, un jardinier lâche, un prince reclus, une vieille fille aux désirs refoulés, et plus ordinaire, la suivante dévouée. On attend que leurs traits de caractère soient soulignés, l’incohérence du propos permettant d’aller jusqu’à la caricature. Mais les personnages, dans leurs comportements, restent ternes et sans épaisseur. Seul le jardinier parvient à créer un personnage solide, défendant bec et ongles son jardin, avide et cupide, mais terrorisé et veule dès que l’on fait montre d’autorité à son égard.
On dit d’un tel spectacle qu’il est « scolaire ». C’est bien réducteur pour nos écoliers !